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Channel: C'est La Gêne » Cécile de France
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Mon conseil d’ami à Quentin Tarantino.

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BRÛLE CE SCENARIO SANS PLUS TARDER!!!

Ahem. Pardon. Laissez moi reprendre depuis le début.

Cher Quentin,

J’ai déjà évoqué il y a quelque temps dans un article centré sur Inglourious Basterds les grosses réserves que j’avais à ton sujet, mais si je m’adresse à toi aujourd’hui, ça n’est pas en tant que détracteur, mais en tant qu’ami.

Il semblerait que tu sois en train d’écrire un scénario pour Johnny Hallyday.

A moins qu’il existe un autre Johnny Hallyday, un obscur acteur américain dont je n’aurais pas entendu parler, dois-je comprendre que toi, le cinéaste star, pour qui tous les acteurs du monde rêvent de tourner (sauf cette rabat-joie d’Isabelle Huppert, apparemment), tu as décidé d’écrire un rôle pour la momie orangée aux lèvres de mérou qui fait ses adieux à la scène tous les six mois au pied de la Tour Eiffel ? La vieille chose tirée jusqu’à l’agonie qui pose à côté de Laetitia en couverture de Paris Match une semaine sur deux, qu’on prend d’abord pour sa grand-mère avant de réaliser qu’il s’agit de son époux ? Le clown en décomposition avancée qui a fait 70 ans de carrière en traduisant (mal) en français des tubes américains ? L’ex-mari croulant d’une des Filles d’à Côté ? La muse fossilisée d’Optic 2000 ?

Alors oui, tu parles beaucoup, et les trois-quarts de tes projets ne voient pas le jour, mais rien que le fait d’y avoir pensé est déjà un vaste problème.

Quentin, dois-je te rappeler que tu es le papa de Reservoir Dogs et de Pulp Fiction ? Que tu as une responsabilité envers ces films ? Et qu’à chaque faute de goût, tu jettes un peu plus d’ombre sur tes glorieux débuts ? Parce que Jackie Brown avait la classe, et parce que Kill Bill Vol. 1 avait le mérite d’être rock’n’roll, on t’aurait presque pardonné ton obstination Madonnesque à vouloir faire l’acteur, bien que tu sois franchement indécent de nullité lorsque tu commets l’imprudence de passer devant la caméra. Avec Kill Bill Vol. 2, le vide émotionnel et intellectuel du grand attardé que tu es commençait à se faire douloureusement sentir. Idem pour Death Proof, où ta propension à t’écouter bavarder pour ne rien dire virait à l’indigence masturbatoire. D’autant que son jumeau Planet Terreur, enfanté par ton pote Robert Rodriguez, moins prétentieux, moins célébré, pas sélectionné à Cannes, lui mettait sa race sur le terrain de la jubilation débile assumée.

Puis il y a eu Inglourious Basterds, sur lequel j’ai dit ce que j’avais à dire.

Et maintenant, Johnny. Qu’avons nous fait pour mériter ça? N’est-ce pas suffisant qu’un Clint Eastwood grabataire se compromette avec une volaille, et qu’un Woody Allen sénile soit au bord du discrédit en invitant la femme la plus cauchemardesque de France à tourner pour lui ? Doit-on en plus assister à la chute irrémédiable de ce qui reste de Quentin Tarantino ?

Je me doute que Vengeance de Johnnie To t’a fait mouiller ton pantalon et donné tout plein d’idées, mais l’as-tu bien regardé le Johnny ? L’as-tu déjà entendu parler ? Sais-tu à quelle genre de musique apocalyptique il est associé ? Et surtout, l’as tu déjà vu chanter Le bon vieux temps du Rock’n’Roll en duo avec Sylvie Vartan?

J’en viens à me demander si la récupération systématique des ringards de tous bords qui est depuis toujours ton fond de commerce n’est pas un prolongement de ta mégalomanie croissante (comme l’a très justement fait remarquer le génial compositeur Alexandre Desplat au sujet de ton refus d’utiliser de la musique originale). Si ta résistance de plus en plus persistante à faire tourner des grands acteurs/noms (non, Brad Pitt et Uma Thurman ne sont pas des grands acteurs) n’est pas la manifestation d’une peur panique de partager tes précieux lauriers. Si le fait de choisir des tocards, des has-been ou des inconnus n’est pas tout simplement pour toi la meilleure façon de t’approprier le succès de leurs performances, ou du moins la primeur de leur découverte. Imagine: si tu tournais Reservoir Dogs aujourd’hui, tu offrirais sans doute les rôles principaux à Treat WilliamsTom Berenger, ou même David Hasselhoff, juste pour faire ton malin. Et crois moi, ça serait beaucoup moins bien.

Alors laisse-moi te donner un conseil d’ami: descend de ton putain de piédestal, souviens toi de l’époque où Tarantino rimait avec Harvey Keitel, Tim Roth, Steve Buscemi, Samuel L. Jackson ou Christopher Walken, et essaie de nous donner un peu envie.

Parce que Johnny Hallyday, même avec toute la bonne volonté du monde, comment te dire?

Non.



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